Audrey, première femme conductrice routière sourde
Audrey, jeune femme de 26 ans, vient de réussir son diplôme de chauffeur routier, catégorie poids lourds, permis C. Elle est la première femme sourde à le réussir. Par Skype, nous avons échangé par écrit sur son parcours, sur son boulot au sein des routiers en majorité masculin et sa perception de la vie.

Alain Grimberg, sourd, est chauffeur de bus scolaire pour le lycée et le collège de Saint-Orens.
Parcours professionnel
Avant de devenir conductrice routière, elle a travaillé dans le domaine de la comptabilité , mais elle n’a pas pu trouver un emploi stable car souvent des difficultés se posaient à cause de sa surdité comme le téléphone. En parallèle, , elle faisait partie de l’équipe handisport CSO (équitation) et il fallait qu’elle passe son permis EB pour pouvoir transporter sa jument et c’est comme ça que qu’elle pris le goût d’aimer conduire. Et le fait de bouger avec sa voiture et van, c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers ce métier là. Elle a donc commencé sa formation début janvier pour le Titre professionnel véhicule porteur terminé fin mars. Elle a entamé sa deuxième formation qui est plus professionnel pour passer le permis CE. Sa réussite du permis C est une revanche par rapport à sa conseillère d’emploi qui pensait qu’elle n’y arriverait jamais.
Le monde des routiers
Audrey reconnaît que c’est un monde à part, car la majorité sont des hommes. Ces derniers parlent souvent de jolies femmes. Un jour, elle avait mangé dans un restaurant routier, dès le premier jour, il n’y avait pas de femmes et elle était la seule. Là, tous les routiers se sont arrêtés de manger et de boire pour la regarder arriver. A part cela, elle a la chance d’avoir un employeur sensibilisé au handicap. Là où elle a effectué son stage, c’était une coopérative dont le PDG est très sensible au niveau des personnes en situation d’handicap et il a offert une semaine de vacances de sport d’hiver à une classe d’enfants sourds, et a invité une classe d’enfants sourds à visiter et à monter dans les camions dans l’entreprise. Elle va sur les routes régionales et parfois régionales. Mais jamais elle ne fera de l’internationale. Elle préfère éviter car elle ne serait pas rassurée par rapport à sa surdité et surtout pour sa sécurité la nuit. Etant une femme, il ne faut pas jouer avec le feu, ajoute-t-elle. Lors de son parcours, elle a eu beaucoup de retours négatives comme quoi elle était bonne à rien, incapable etc. Donc du coup, c’est sa victoire sur la vie car elle a pu prouver à quel point elle pouvait réussir comme une personne « normale »
Sa perception de la vie
Depuis qu’elle a eu quelques décès dans sa famille, cela lui a fait comprendre à quel point la vie est courte, donc il faut la vivre à fond et donc si on a des rêves entre guillemets, il faut faire en sorte qu’on puisse les réaliser. Et elle a surtout envie de dire que malgré la surdité ou l’handicap en général, on peut en faire une force plutôt que d’en faire une faiblesse. Elle terminerais par cette citation qui la correspond assez bien : impossible n’est pas sourd.
Complément d’information
Elle est sourde et porte un implant. Cela ne se voit pas car elle porte des cheveux longs. C’est l’avantage d’être une femme. Elle oralise, signe et code un peu pour mieux clarifier certains sons qui se ressemblent. Une petite dernière citation d’Audrey pour la route : « Quand on veut, on peut, même si certaines personnes font tout pour te mettre des obstacles ». Merci à Audrey pour son témoignage. Nous te souhaitons pleins de courage et une belle continuation dans tous tes projets.